NOTRE EDITO 2021 D’OMBRES ET DE LUMIERES
Ces derniers mois auront férocement éprouvé nos sociétés, et de nombreux signes indiquent que l’épreuve n’est pas encore à son terme. Nos systèmes de santé, notre économie, nos liens sociaux, nos activités professionnelles, notre vie culturelle, notre environnement, notre organisation scolaire, notre quotidien tout simplement : bien des aspects de nos vies ont été bouleversés et bien des drames se jouent encore, que nos écrans relatent chaque jour dans une valse accablante. C’est un organisme microscopique, infiniment petit, qui aura rompu le rythme de l’immense machine humaine, démesurée.
Ne l’oublions pas : souvent, la grande histoire a rencontré cela. Depuis l’Antiquité, peste, variole, grippes et choléra ont enrayé, régulièrement, des sociétés entières. Les bilans furent ceux de tous les grands fléaux ; toujours les morts se comptèrent par millions. Aujourd’hui, la violence de la pandémie nous semble sans pareille : parce qu’elle est véritablement mondialisée, sans doute, mais aussi parce qu’elle révèle les failles de nos modes de vie, et parce que nous pensions que la médecine et la technologie nous préservaient de tels cataclysmes. Le scénario, pourtant, n’avait rien d’imprévisible. Pour un peu, nous pourrions dire qu’il était déjà écrit.
Que faire ? Ajoutée aux crises politiques et culturelles dont le monde tremblait déjà, cette épidémie épuise notre confiance en des jours meilleurs. Et pourtant…
Pourtant, et contre toute attente, le plus grand nombre a joué le jeu de la solidarité, de la responsabilité, de la patience, de l’effort collectif. Nous disions notre monde “individualiste” ; si la fulgurante progression du virus sur toute la planète a démontré, pour le pire, l’inverse, nous avons vu dans le même temps, pour le meilleur, que nous devions et que nous savions affronter collectivement une telle épreuve. Les soignants, les commerçants, les enseignants, les artistes, les restaurateurs, les artisans, bien d’autres encore : chacun a puisé dans des ressources insoupçonnées pour que tiennent les vies. Pour que naissent dans le chaos, du lien, de l’entraide et des initiatives. L’essentiel du temps nous avons fait en sorte d’agir, et souvent par de tout petits gestes qui n’étaient pas insignifiants : ils disaient haut que nous refusions de ne rien faire. Que nous refusions de plier sous le fléau.
Les technologies de la communication ont rompu, un temps au moins, les solitudes. Confinés, nous avons repensé nos vies. Nous avons interrogé notre manière de consommer, d’être au monde. Il n’y a pas dans ce constat la moindre naïveté, et rien n’a su empêcher Amazon, par exemple, de réaliser le plus grand “Black Friday” de toute son histoire. Mais, pendant que les géants recomptaient leurs dollars, nos enfants ont appris que le monde et la vie étaient fragiles ; que la lumière est toujours menacée. Loin d’être désespérant, ce constat qu’ils ont fait, même dans la douleur, les conduira à mieux comprendre la précarité des équilibres et la nécessité de s’employer à les préserver. On peut raisonnablement penser qu’ils gagneront en lucidité et en intelligence ce qu’ils ont perdu de confort de vie. Ce n’est donc pas sur le pire qu’il faut parier, mais sur le meilleur : privilégier le temps à la course effrénée de l’urgence, la qualité à la quantité, la solidarité à la force individuelle, l’épanouissement personnel à la frustration que génère une société dans laquelle consommer ne rassasie jamais. Notre jeunesse ne veut pas qu’on la plaigne, et la plaindre d’ailleurs ne lui sera d’aucun secours. Notre jeunesse exige de nous que nous fassions avec elle le pari sincère d’un lendemain meilleur, non pas parce que ce lendemain laisserait perdurer un système qui épuise les ressources et les êtres, mais parce que, différent, ce lendemain réussira là où nous échouons aujourd’hui.
A l’heure où chacun peut potentiellement contaminer son prochain, jamais la responsabilité individuelle n’a été si grande. Nous pensions ne pas pouvoir agir sur le monde, et voilà que nous avons la capacité individuelle de protéger ceux qui nous entourent, de les préserver. Or, de cette pandémie virale à la destruction de la biodiversité par nos modes de vie, la leçon à tirer est exactement la même : il m’appartient d’être responsable et d’agir. Mon comportement pèsera dans le destin collectif.
Les grands cycles de vie, les grands équilibres, l’infiniment petit, les relations subtiles qui lient les règnes, les espèces, les êtres : nous dépendons de forces qui ne se voient pas. Cela, d’autres civilisations avant nous le savaient, et d’autres parmi elles, comme nous, l’avaient oublié. Puisque ces forces se rappellent à nous aujourd’hui, et puisque nous avons la précieuse chance de pouvoir changer les choses, agissons. Agissons dans le plus extraordinaire et le plus audacieux pari que l’humanité puisse faire : demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Répétons-le à notre jeunesse et refusons toute résignation : il n’est pas d’ombre sans lumière.
Aux Chemins Francis, l’année 2020 n’a pas été facile à conduire ; mais, déterminés et passionnés, nous avons fait, comme vous, de notre mieux. Nous avons eu le plaisir de vous accueillir dès la fin du confinement, dans le strict respect d’un protocole contraignant, et nous avons pu vous conduire encore sur les chemins du Mont-Lozère et de la vallée du Lot. Soyez-en sûrs : nous poursuivrons cette année ! Plus que jamais, nous savons votre besoin d’évasion, et il nous importe d’ouvrir pour vous les portes qui donnent sur les grands espaces. Pensez à prendre vos chaussures ; nous ferons le reste.
Il n’est pas d’ombre sans lumière.
L’équipe des Chemins Francis
Chaque semaine durant le confinement nous vous avons fait partager un cliché photographique accompagné d’un texte ouvrant à la réflexion, à la prise de recul …
Semaine 7 :
Photo : « Nous voulons des coquelicots … et des bleuets aussi ! » (plaine de Larzalier, Lozère)
Afin d’emmener une pointe d’optimisme en cette dernière semaine de confinement, nous vous proposons de vous replonger dans l’édito de notre gazette de l’année 2016. Ce dernier, rédigé au cœur d’une actualité particulièrement dure, laissait malgré tout entrevoir que le monde n’était pas si désespérant car des épreuves le meilleur pouvait ressortir : des gestes simples, de solidarité, d’entraide, d’amour, aux actes de résistance, ou encore des initiatives positives, innovantes, en faveur d’un monde meilleur. Aujourd’hui, plus que jamais, notre avis n’a pas changé. Et chacun, à son échelle peut œuvrer en ce sens. Alors, que ferons-nous de 2020 ?
Que ferons-nous de 2016 ?
Le monde tel qu’il va pourrait nous ébranler. Reprenant le fil de l’année 2015, comment ne pas désespérer des attentats atroces qui, répétés, et dans bien des pays du monde, ont meurtri chacun de nous ? Face aux dérèglements du climat, qui deviennent terriblement évidents, comment ne pas frémir ? Comment tenir sa place d’homme parmi les hommes ?Dans les dernières lignes de La peste, Albert Camus, en 1947, conclut qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ». Au lendemain d’une guerre apocalyptique et d’un génocide sans précédent, dans un monde éprouvé par les totalitarismes, à la fin d’un roman dans lequel plusieurs personnages ont trahi plutôt que soutenu, fui plutôt qu’aidé, se sont cachés au lieu d’agir, Camus fait pourtant ce pari audacieux : la condition humaine est désespérante, mais les hommes peuvent être admirables. S’ils ne peuvent triompher des fléaux, tout au moins peuvent-ils les refuser et lutter contre eux. Nous devons être ainsi de ceux qui résistent, mais dans un combat humble et bien souvent discret : sourire, accueillir, soutenir, protéger, partager, admirer, aimer… À travers ces actes, refuser l’intolérable. Sans doute faut-il aussi, dans le concert tonitruant des sombres nouvelles, garder de l’attention pour les initiatives positives et dont on parle trop peu : partout autour de nous, des gens œuvrent pour des sociétés meilleures.
Définitivement, le monde tel qu’il va n’est pas désespérant. Il offre à chacun mille manières de trouver sa place. Il réserve toujours à celui qui sait y goûter les sucs enivrants de la liberté, de l’émerveillement. Il regorge d’itinéraires bis, de chemins de traverse, de sentes à rebrousse-poil, de tortilles dissidentes : chacun peut y marcher de son pas et y être lui-même. Que ferons-nous, alors, de 2016 ?
À très bientôt aux Chemins Francis.
Semaine 6 :
Photo : « sensation d’infini » (Mont Lozère, hiver 2020)
Cette semaine, en écho à cette photo, nous proposons, encore et toujours (!), un de nos anciens éditos, cette fois-ci celui de notre gazette de l’année 2013, intitulé « Du temps et de l’espace ». Face à la montée en puissance du contrôle, du rationnel, du chiffrable, il est question ici de remettre en lumière des valeurs essentielles et inestimables, celles du temps et de l’espace.
Du temps et de l’espace :
La France a été la première destination touristique au monde en 2012. Son système éducatif est au 25ème rang mondial selon le récent classement PISA, mais Reporter Sans Frontières lui attribue la 37ème place en ce qui concerne la liberté de la presse, loin derrière la Namibie ou la Jamaïque. Nos ordinateurs calculent et affichent l’« indice de performance » de leurs propres systèmes. 3,5 sur l’échelle de Richter : c’est la magnitude du séisme qui a secoué la Bretagne le 11 décembre dernier. Un Château Margaux 1961 obtient 93 sur 100 dans le guide Parker, et une Clio décroche cinq étoiles au crash-test Euro NCAP. Voilà donc que les notes, que nous avions laissées dans nos cahiers d’école, s’invitent tout autour de nous ! Organisation, produit, service, événement heureux ou catastrophe : tout est classé, estimé, pesé, évalué, jugé, noté. L’homme organise l’univers dans ses moindres détails. On veut du quantifiable, du mesurable, du classable. C’est rassurant. C’est rationnel. C’est effroyable, aussi, à la fin… Car nos vies, dans tout ça ? Combien valent nos vies ?
Les gens d’ici disent parfois que le monde, partout, devient fou. Ils défendent jalousement le temps et l’espace contre la contrainte, parce qu’ils sont convaincus que le temps et l’espace ont une valeur inestimable : c’est l’or des heureux, à une époque où les faux appâts sont légion. Puisque l’on nous invite à prendre de bonnes résolutions, en 2014, jetons nos vies sur les sentes escarpées, les drailles perdues, les pistes ensauvagées, les chemins de traverse. Laissons nos pieds râpés d’asphalte caresser la sphaigne douce de la tourbière. Essuyons la brume de nos yeux sur l’infini de l’horizon. A la lumière crue des néons, préférons celle, tamisée, de la forêt. Au tumulte, préférons le silence. Aux chiffres, préférons l’émotion. La sensation.
C’est bien du temps et de l’espace que nous vous proposons aux Chemins Francis : vous pourrez, seul ou accompagné d’un guide, découvrir des parcours de randonnée que nous avons élaborés pour vous, et qui marient quelques-uns des plus beaux paysages de la Lozère ; vous pourrez vous délasser dans les eaux thermales de Bagnols-les-Bains et goûter à notre table des saveurs locales et authentiques ; vous pourrez pêcher les rivières réputées du département, en bénéficiant si vous le souhaitez des conseils d’un guide. Vous pourrez vagabonder, flâner, bondir, marcher vite ou bien lentement, à votre rythme. Vous pourrez, tout simplement, avoir du temps. Vous pourrez savourer l’espace. Vous pourrez prendre la mesure de votre vie : elle est inestimable.
A très bientôt aux Chemins Francis.
Semaine 5 :
Photo : « Dialogue » (Mas Camargues, Mont Lozère)
Cette semaine, en écho à cette photo, nous avons à nouveau ressorti un de nos éditos, cette fois-ci celui de notre gazette de l’année 2018, intitulé « Ce que nos liens construisent ». Il traite le sujet des ruptures et des liens qui perdurent, et donne espoir en un avenir meilleur.
Ce que nos liens construisent
Nous sommes une humanité de ruptures. Cent ans ont suffi aux pays développés à déplacer l’essentiel de l’habitat des champs vers la ville, à échanger une économie jusqu’alors bâtie autour de l’agriculture et de l’industrie pour l’économie immatérielle du secteur tertiaire. La mobilité, la santé, l’information, l’accès au savoir, le travail, les échanges économiques, la communication : dans un mouvement global d’optimisation, le quotidien humain a poursuivi sans trêve plus de performance et plus de rentabilité. Plus d’efficience, dit-on. Loin de déplorer cela, il faut en apprécier les bienfaits, dont certains sont inestimables : une médecine plus efficace, une espérance de vie plus longue, moins de pénibilité, plus de confort. Des politiques sociales ont vu le jour, que bien peu eurent osé rêver trois générations plus tôt. Cependant, sources d’incontestables progrès, ces mutations rapides s’accompagnent de déséquilibres. Temps des crises : repères et valeurs, cultures, finance. Interpellés, nous voyons s’accroître en France et à l’échelle du monde l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ; alors que le nombre de millionnaires explose, huit personnes détiennent à elles seules plus de richesses qu’une moitié réunie de l’humanité. Indécence des chiffres. Crise climatique, enfin, que tous les dirigeants – Trump à part – consentent aujourd’hui à admettre.
Ruptures politiques, économiques, démographiques, sociales. Technologiques. Environnementales. Toutes représentent des défis à relever, pour une humanité qui n’a jamais été plus savante et qui, dans bien des endroits, s’organise pour y faire face. Internet renouvelle des formes ancestrales de lien social sous la forme de plateformes où l’on échange des services : travaux, aide à la personne, gardiennage, transport… Des coopératives citoyennes naissent, qui produisent et mutualisent fruits, légumes ou même énergie. Les mouvements citoyens, ressuscités peut-être, interpellent le monde. À l’ère de la verticalité (Dieu, puis le souverain, puis le père…), où le sujet devait attendre une réponse venue d’en haut, succède celle d’une vive horizontalité : on échange, on construit entre pairs – c’est d’ailleurs, pour la communauté des internautes, le sens littéral de l’expression peer-to-peer. Les réseaux sociaux illustrent à merveille ce phénomène. L’individu roi réapprendrait- il la faveur du partage ? À tout prendre, cette humanité-là paraît plus sympathique.
Marchant à plusieurs, sur les crêtes, au creux des vallons, nous avons souvent senti la valeur de ces liens précieux qui constituent un groupe. On partage le temps, la marche sous le ciel, un repas au grand air dressé sur les bruyères, les rires. On embrasse le même horizon. De retour à l’hôtel, on fait durer le soir ces heures partagées. Autour d’un verre, autour des assiettes, autour, peut-être, de la grande cheminée. Dans la douce chaleur, on ravive par la parole le monde que l’on a sillonné une journée entière : les chaos de granit, les sous-bois drapés de leurs mystères, les sentiers infinis, les rivières, la libellule folle, le cerf majestueux.
Nous revendiquons, de nos terres rurales, le sens de l’accueil et celui du partage. Nous attachons de la valeur à vivre ensemble. Marchant à travers des paysages plus vastes, nous sentons ce qui nous réunit plus que ce qui nous éloigne. Peut-être plus qu’ailleurs, nous sentons ici ce que nos liens construisent.
À très bientôt aux Chemins Francis.
Semaine 4 :
Photo : Quelle voie prendre ? (Gorges du Bramont, Lozère, hiver 2020)
Cette semaine, pour illustrer cette photo, nous avons à nouveau ressorti un de nos éditos, cette fois-ci celui de notre gazette de l’année 2015, intitulé « La liberté ». Il fait particulièrement sens en cette période de confinement et de libertés limitées …
La liberté
Henry David Thoreau, philosophe américain, se retira un jour dans la nature, en 1845, près d’un étang qu’il connaissait depuis son jeune âge. Il y vécut un temps, dans une cabane, marchant beaucoup, parlant peu, rêvant et pensant. Il y écrivit, dans la solitude et l’immensité d’espaces vierges, de magnifiques pages. Bien d’autres ont un jour comme lui gagné les bois. Ils fuyaient d’un pas convaincu les sirènes affolées de la civilisation, poursuivaient à pied un rêve secret qui les guidait. A sa manière, Robert Louis Stevenson était aussi de cette espèce : il retrouva, cheminant à travers les Cévennes, sur les sentiers que nous empruntons chaque jour avec nos randonneurs, un peu de la sérénité qu’il avait perdue.La marche est une philosophie. Dans le livre qu’il consacra à ce sujet1, Thoreau écrivit : « Nous devrions entreprendre chaque balade, sans doute, dans un esprit d’aventure éternelle, sans retour ; prêt à ne renvoyer que nos cœurs embaumés, comme des reliques de nos royaumes désolés. Si vous êtes prêts à abandonner père et mère, frère et sœur, femme, enfants et amis et à ne jamais les revoir ; si vous avez payé toutes vos dettes, rédigé votre testament, réglé toutes vos affaires et êtes un homme libre ; alors vous êtes prêt pour aller marcher ».
Si l’engagement extrême qu’il évoque paraît excessif, nous aimons croire que chaque marche devrait être une aventure, et peut-être avant tout autre chose une aventure intérieure. Dans un monde ébloui par la course, chaque marche devrait être une résistance, une autre manière d’être, laissant à nos sens le loisir d’observer, d’écouter, de sentir, de toucher, de goûter. Chaque marche devrait être à la fois une évasion et une quête. Un retour à nos sources. Nous aimons la marche parce que nous aimons vivre sans entrave.Nous connaissons bien ces chemins de la liberté, des rives ensauvagées du Lot aux cimes du Mont Lozère : ils sont notre façon de vivre. Si vous venez nous rejoindre à Bagnols-les-Bains, vous marcherez aussi, seul si vous le souhaitez, ou accompagné d’un guide, à travers des espaces préservés. Vous pourrez arpenter sans limite ces territoires des Causses et des Cévennes reconnus par l’Unesco. Le soir venu, vous pourrez profiter de notre espace détente, et savourer à table une cuisine simple et authentique. Peut-être aurez-vous plaisir à vous délasser, aussi, dans les eaux thermales du village ? C’est à vous de décider. Nous ne vous proposons finalement qu’une seule chose : la liberté. La liberté par-dessus tout.
1 Henry David Thoreau, De la marche, 1862 (éditions des Mille et une nuits).
Semaine 3 :
Photo : « Fenêtre sur cour » : une vue originale sur les Cévennes depuis les ruines d’une maison du hameau de l’Hôpital, sur le Mont Lozère.
Cette semaine, pour illustrer cette photo, nous avons ressorti de nos cartons un ancien édito, celui de notre gazette de l’année 2013, « Ce qui nous lie à vous », traitant de l’avènement de l’ère numérique et de notre préférence à la chaleur humaine sur la performance informatique.
Ce qui nous lie à vous
Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, a annoncé en octobre aux médias que son site comptait désormais plus d’un milliard de membres actifs. Internet ne connaît pas les frontières : aux quatre coins du monde, smartphones et ordinateurs sont reliés entre eux et communiquent en « temps réel ». Des vies entières deviennent un flot de données qu’acheminent des milliers de kilomètres de câbles et d’ondes sous la forme d’impulsions électriques et de codes binaires. Jules Verne est battu : l’homme fait le tour de la Terre en moins d’une seconde. Il court ses journées. Le soir venu, ses écrans et ses claviers tentent de le relier à ceux vers qui il n’a plus le temps d’aller. Ce que nous sommes peut-il être réduit, pourtant, à une information que l’on transmet à une vitesse vertigineuse d’un terminal à un autre ?D’ici, nous faisons le pari que non. C’est évident, les technologies qui se développent autour d’internet permettent des progrès qu’il faut encourager : le monde entier vit une révolution prodigieuse. Nous ne devons pas pour autant en devenir les esclaves. S’il nous faut choisir, nous préférons la chaleur humaine à la performance informatique.
Âgé de quelques 310 millions d’années, le granite du Mont-Lozère nous invite à nous inscrire dans une autre échelle, celle du temps géologique, et qui impose aux hommes d’autres rapports, d’autres rythmes, d’autres rêves. Nous vous invitons à retrouver ici, avec nous, la mesure du monde. Au coeur de la Lozère, de la vallée du Lot aux crêtes du Mont-Lozère, nous voulons vous offrir ce que nous avons de plus précieux : le temps et l’espace. Notre réseau social, nous le créons en randonnant avec vous dans des paysages reposés, car nous pensons qu’un lien solide naît du temps partagé et de l’expérience commune. Avec vous, pour vous, nous marchons des sommets aux forêts dans une nature que nous aimons et que nous connaissons. Nous vivons sur la terre du loup revenu, sous un ciel fendu du vol de l’aigle et du vautour, sur les berges de rivières où se cache la truite, sur des landes où pâturent paisiblement les troupeaux. De retour de ces marches qui nous libèrent, c’est autour de la table que nous prolongeons le lien, parce que le temps s’y écoule lentement, parce que les produits sont de qualité et que les plats sont authentiques, parce qu’on y parle de la journée passée et qu’on y rêve celle à venir. On y est à mi-chemin entre hier et demain, juste ici et maintenant, et on y est ensemble. Il y a, autour de cette table, et sur les chemins Francis, votre place, qui vous attend. Simplement.
A bientôt.
Semaine 2 :
Photo : « champ » de tulipes méridionales (ou tulipe de Celse) sur les pentes du Mont Lozère
Cette semaine, pour illustrer cette photo « méridionale », nous vous proposons un poème écrit par notre ami Stéphane Salendres, en français et en occitan.
» Marcher
Racler encore une fois sa peau brunie
Aux verdoyants reflets de ses désirs
Aimer ce lieu
Rêver ces lieux,
Et souffler comme une vipère pour s’extraire du vallon d’Oultet,
Regarder furtivement le clocher de tourmente des Sagnes
Veiller de ses yeux bienveillants sur le pays environnant,
Etre fier, pour une fois se sentir vivant,
Plus vivants que jamais,
Devenir d’ici pour une heure,
Un jour, peut-être plus
Et écouter parler sans fin les hommes de cette terre,
Voir au fond de leurs yeux ce petit rien
L’étincelle, celle des passionnés,
Ces visages tableaux, façonnés par les montagnes
Le silence, plus lourd que les mots,
Plus chargé de sens que les discours creux,
Cette connaissance des petites choses
Petites merveilles qui font l’Universel,
Comme une clé, vers le bonheur.
Caminar
Rasclar encara sa pèl brunesida
Als verdejants rebats de sas desiranças,
Aimar aquel luòc
Pantaissar aqueles luòcs,
E bufar coma una vipèra per traçar de la comba d’Oultet,
Agachar a la lèsta lo cloquièr de tempèsta de las Sagnes
Velhar de son uèlhs benvolents sus lo pais alentorn,
Èstre fièr, per un còp se sentir viu,
Mai viu que jamai,
Endevenir d’aqui per una ora,
Un jorn, benlèu mai
E escotar parlar sensa fin los òmes d’aquela tèrra,
Veire al fons de sos uèlhs aquel pichòt res
La beluga, la dels afogats,
Aquelas caras tablèus, faiçonadas per las montanhas
Lo silenci, mai pesuc que los mots,
Mai cargat de sens que los discors baumuts,
Aquel saber de las pichòtas causas
Pichòtas meravilhas que fan l’Universal,
Coma una clau, cap al bonaür. »
Semaine 1 :
Photo : Les sources du Tarn au mois d’août, couleurs et jeux de lumières sous un ciel menaçant.
Cette semaine, pour illustrer cette photo, nous avons ressorti des cartons l’édito de notre gazette n°19, éditée en 2012. Il fait particulièrement écho à la période que l’on traverse actuellement, et nous donne espoir en des jours de liberté retrouvée.
“ Le monde tremble :
Téléviseurs, radios, journaux, internet : on suit seconde après seconde le manège infernal des indices boursiers. On retient son souffle. On espère. On désespère. Cela monte ou cela descend. Cela déçoit ou satisfait. Jamais, peut-être, nous n’avions mesuré avec un tel désarroi le degré de notre impuissance : quelque chose nous échappe qui n’est pas simplement le cours de la bourse. C’est autre chose, moins visible sans doute, plus essentiel. C’est autre chose, enfoui en nous, sous l’impératif de la vie quotidienne, sous les images saisissantes sans cesse déversées par nos écrans infatigables, sous le chaos économique, sous le dictat d’un monde qui avance au pas de course : la liberté.
Plus que jamais, en Lozère, nous avons le sentiment d’habiter un refuge préservé des soubresauts du monde, une terre qui refuse d’abandonner cette liberté. Le temps qui passe y suit un autre rythme, le seul rythme qui soit à l’échelle humaine : celui des saisons qui s’enchaînent sans bruit et sans heurt. Cette année encore, aux Chemins Francis, nous vous offrons la clé des champs : évadez-vous ! Osez retrouver la liberté, la simplicité des pas que l’on pose sur un sentier reposé, le souffle du vent, les odeurs, les sons, les couleurs, le goût… Venez, tout simplement, nous retrouver. Vous retrouver.
Soyez libre : seuls ou accompagnés d’un guide, partez à la découverte des étendues lozériennes. Des causses aux forêts, sur les crêtes du Mont-Lozère jusqu’au creux de la vallée du Lot, laissez vos pas vous emporter. Nous serons heureux de vous faire connaître et partager ces lieux exceptionnels, depuis peu inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Retrouvez vos forces, le soir venu, dans les eaux thermales du village, et ressourcez-vous autour d’une bonne table, avec de bons produits. En toute simplicité, profitez, respirez, loin du monde qui tremble.
A très bientôt.”